lunes, 26 de enero de 2009

El Barco Ebrio



Al tiempo que bajaba por ríos impasibles,
Sentí que no me guiaban los hombres a la sirga:
Aullantes pieles rojas, tomándolos por blanco,
Los clavaron desnudos en postes de colores.

Portador de algodón inglés, trigo de Flandes,
Sin pena me tenían todos los tripulantes.
Cuando acabó aquel ruido a la par que mis hombres,
Me dejaron los Ríos marchar adonde quise.

Entre los chapoteos de la mar encrespada,
Yo, el invierno pasado, más sordo que el cerebro
De los niños… ¡bogaba! Penislas a la vela
Nunca experimentaron barullos más triunfantes.

La tempestad bendijo mi despertar marino.
Más ligero que un corcho bailé sobre las olas
(Eternas trajineras de víctimas las llaman),
¡Sin añorar, diez noches, a las bobas farolas!

Más dulce que manzanas agrillas para un niño,
Impregnó el agua verde mi cascarón de abeto
Y me lavó las manchas de tintorros y vómitos,
Dispersando el timón y el áncora de brazos.

Y desde entonces bogo inmerso en el Poema
De la mar, infundida de astros, lactescente,
Tragando verdes cielos por donde a veces baja,
Cuerpo arrobado y pálido, un muerto pensativo;

Donde, tiñendo súbitos azules, desvaríos
Y ritmos lentos bajo el rutilante día,
Más fuertes que el alcohol y más que nuestras liras,
¡Fermentan las amargas rojuras del amor!

Sé de cielos que rompen en rayos, y de trombas,
Resacas y corrientes; sé también del ocaso,
Del alba entusiasmada cual tribu de palomas,
¡He visto varias veces lo que ver cree el hombre!

¡Vi al sol poniente, sucio de místicos horrores,
Iluminando vastos coágulos violetas,
Y lejos, cual actrices de antiquísimos dramas,
Olas rodando al paso su temblor de postigos!

¡Soñé la verde noche de nieves deslumbradas,
Beso que asciende lento hasta los ojos mismos
Del mar, circulación de savias inauditas,
Y aviso azul y gualda de los cantantes fósforos!

¡He seguido por meses, como a piaras histéricas,
Embates de mareas contra los arrecifes,
Sin pensar que los pies de luz de las Marías
Domar pudieran morros asmáticos de Océanos!

¡Creánme que he tocado increíbles Floridas,
Donde ojos de pantera con piel de hombre a flores
Se mezclan! ¡Y arcos iris bajo el confín marino,
Tensados como bridas para glaucos rebaños!

¡He visto fermentar vastas marismas, nasas
En donde un Leviatán entre aulagas se pudre!
¡Avalanchas de aguas en medio de bonanzas,
Distancias que se abisman como las cataratas!

¡Soles de plata, heleros, alas de nácar, cielos
De brasa! ¡Horribles pecios engolfados en simas
Donde enormes serpientes, comidas por las chinches,
Con negro aroma caen desde torcidos árboles!

Quisiera haber mostrado a los niños doradas
De agua azul, esos peces de oro que salmodian.
–La espuma en flor meció mis salidas de rada
Y vientos inefables me alaron por instantes.

A veces, mártir harto de polos y de zonas,
La mar cuyo sollozo mi vaivén suavizaba,
Me subía, de amarillas ventosas, sus corolas
Brunas, y, cual mujer, de hinojos me quedaba...

Penisla que columpia en sus riberas guano
Y querellas de pájaros chillones de ojos rubios,
Yo navegaba, mientras por mis frágiles zunchos
¡Ahogados con sueño andaban para atrás!

Así, barco perdido entre pelo de ancones,
Lanzado por la tromba en el éter sin aves,
Yo, a quien acorazados o veleros del Hansa
No le hubieran salvado el casco ebrio de agua;

Libre, humeante, envuelto en brumazón violeta,
Yo, que horadaba el cielo rojizo como un muro
Que sostiene, jalea exquisita gustada
Por el poeta, líquenes de sol, muermos de azur;

Que corría empañado de lúnulas eléctricas,
Loca tabla escoltada por negros hipocampos,
Cuando julio derrumba, a grandes garrotazos,
Cielos ultramarinos en ardientes embudos;

Que temblaba al oír, gimiendo en lontananza,
Los Behemots en celo y los densos Maelstroms,
Hilandero perpetuo de quietudes azules,
¡La Europa de los viejos parapetos, yo añoro!

¡He visto siderales archipiélagos, islas
Cuyo cielo en delirio se abre al bogavante!
–¿Son noches abisales en que exiliado duermes,
Oh tú, Vigor futuro, millón de aves áureas?–

¡Cierto: mucho he llorado! El alba es dolorosa.
Toda luna es terrible, y todo sol, amargo.
El agrio amor me hinchó de embriagantes torpores:
¡Que mi quilla reviente! ¡Que me hunda en la mar!

Si algún agua de Europa deseo, ésa es la charca
Helada y negra donde en tardes perfumadas
Un niño encuclillado, hondo en tristezas, suelta
Un barquito muy frágil, mariposa de mayo...

No puedo, marejada, inmerso en tu apatía,
Escoltar ya el aguaje del barco algodonero,
Ni traspasar orgullos de banderas y grímpolas,
Ni nadar a la vista atroz de los pontones.


VERSIÓN DE JOSÉ LUIS RIVAS

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de coton anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits sans regretter l'oeil niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres et lactescents,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend :
Ou, teignant tout-à-coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les yeux crevant en éclair, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques,
Les flots roulants au loin de leurs frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs.
J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écoulements d'eaux au milieu des bonasses,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers,soleils d'argent, flot nacreux, cieux de braises !
Echouages hideux au fond des golfs bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient , des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.
Parfois , marthyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux....
Presque île, ballotant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je vogais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les chevaux des anses
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient couler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maetstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Millions d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
O que ma quille éclate ! O que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de coton,
Ni traverser l'orgueuil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

Arthur Rimbaud.

miércoles, 21 de enero de 2009

LA GRIEGA

Vimos a una mujer morena construir el acantilado.
No más de un segundo, como alanceada por el sol. Como
los párpados heridos del dios, el niño premeditado
de nuestra playa infinita. La griega, la griega,
repetían las putas del Mediterráneo, la brisa
magistral: la que se autodirige, como una falange
de estatuas de mármol, veteadas de sangre y voluntad,
como un plan diabólico y risueño sostenido por el cielo
y por tus ojos. Renegada de las ciudades y de la República.
cuando crea que todo está perdido a tus ojos me fiaré.
cuando la derrota compasiva nos convenza de lo inútil
que es seguir luchando, a tus ojos me fiaré.
Roberto Bolaño



LISA

Cuando Lisa me dijo que había hecho el amor
con otro, en la vida cabina telefónica de aquel
almacén de la Tepeyac, creí que el mundo
se acababa para mí. Un tipo alto y flaco y
con el pelo largo y una verga larga que no esperó
más de una cita para penetrarla hasta el fondo.
No es algo serio, dijo ella, pero es
la mejor manera de sacarte de mi vida.
Parménides García Saldaña tenía el pelo largo y hubiera
podido ser el amante de Lisa, pero algunos
años después supe que había muerto en una clínica psiquiátrica
o que se había suicidado. Lisa ya no quería
acostarse más con perdedores. A veces sueño
con ella y la veo feliz y fría en un México
diseñado por Lovecraft. Escuchamos música
(Canned Heat, uno de los grupos preferidos
de Parménides García Saldaña) y luego hicimos
el amor tres veces. La primera se vino dentro de mí,
la segunda se vino en mi boca y la tercera, apenas un hilo
de agua, un corto hilo de pescar, entre mis pechos. Y todo
en dos horas, dijo Lisa. Las dos peores horas de mi vida,
dije desde el otro lado del teléfono.
Roberto Bolaño.

martes, 13 de enero de 2009

LA CARGA DE LA BRIGADA LIGERA





LA CARGA DE LA BRIGADA LIGERA

1
Media legua, media legua,
media legua más allá,
en el valle de la Muerte
cabalgaron los seiscientos.
¡Adelante, la Brigada Ligera!
¡Cargad contra los cañones!
En el valle de la Muerte
cabalgaron los seiscientos.

2
¡Adelante, la brigada Ligera!
¿Alguno desfalleció?
No aunque el soldado supiera
que alguien cometió un error,
no era cosa suya replicar,
ni preguntarse el por que,
solo cumplir con su deber y morir
en el valle de la Muerte
cabalgaron los seiscientos.

3
Cañones a su derecha,
cañones a su izquierda,
cañones ante si,
descargaron y tronaron;
Azotados por balas y metralla,
cabalgaron con audacia
en las fauces de la Muerte,
en la boca del infierno,
cabalgaron los seiscientos.

4
Brillaron sus sables desnudos
resplandecieron al girar en el aire
para golpear a los artilleros,
cargando contra un ejército,
que asombro al mundo entero
zambulléndose en el humo de las baterías,
cruzaron las líneas;
Cosacos y rusos
retrocedieron ante el tajo de los sables
hechos añicos, se dispersaron.
Entonces regresaron, pero ellos no
no los seiscientos

5
Cañones a su derecha
cañones a su izquierda
cañones detrás de si
descargaron y tronaron;
Azotados por las balas y metralla,
mientras caballo y héroe caían,
los que tan bien habían luchado,
entre las fauces de la Muerte,
Volvieron de la boca del infierno
todo lo que de ellos quedo,
lo que quedo de los seiscientos.

6
¿Cuando se marchita su gloria?
¡Oh, que carga tan valiente la suya¡
Al mundo entero maravillaron
¡Honrad la carga que hicieron!
¡Honrad la Brigada Ligera,
a los nobles seiscientos!


Lord Alfred Tennyson (1809-1892)